mercredi 18 juillet 2007

Plaire, partie II

L'an dernier, à la première rencontre de parents, j'ai dit à ces derniers que je partirais en congé de maternité à la mi-octobre.

J'ai commencé mon congé au début octobre. Je suis partie deux semaines plus tôt que prévu parce que mon état de femme enceinte de 36 semaines ne m'aidait aucunement à faire face à une ambiance de merde à l'école, due à des relations très tendues entre la direction et une bonne partie des enseignants de mon équipe. Étant déléguée syndicale, je ressentais doublement les effets de cette tension et je n'en pouvais franchement plus. Pour ma santé mentale, j'ai demandé un congé de maladie à mon doc. D'ailleurs, j'étais tellement au bout du rouleau qu'il a dû deviner ma demande à travers mes sanglots.

On avait beau être deux semaines avant le début de mon congé de maternité, la direction n'avait toujours cherché trouvé personne pour me remplacer, situation à laquelle je ne pouvais rien puisque je n'avais aucun pouvoir sur le choix de la personne. C'est la responsabilité de la direction. Résultat? Durant ma première semaine d'absence, j'ai été remplacée par plusieurs personnes. J'ai eu beau laisser toute la planification détaillée, ce que je n'étais pas tenue de faire étant donné les circonstances, cette semaine n'a pas été rose. Ni pour les élèves, ni pour ceux qui m'ont remplacée.

La deuxième semaine, mon remplaçant était trouvé. Lequel s'est désisté au bout de deux semaines en donnant un minuscule préavis à la direction. Naturellement, avec la pénurie de remplaçants à laquelle nous faisons face dans notre commission scolaire, il s'ensuivit donc une autre semaine où les remplaçants se succédaient à un rythme fou. Les élèves ont même eu la chance d'en avoir plus d'un dans la même journée! Encore une fois, je n'y pouvais rien et je n'y étais pour rien. Je n'étais quand même pas pour retourner enseigner le lendemain de mon accouchement!

J'avais fait ce que j'avais à faire : laissé une planification détaillée, laissé une planification pour les mois restants, rencontré mon remplaçant, laissé tous mes fichiers informatiques, tout mon matériel-maison, laissé mon numéro de téléphone au cas où, échangé des courriels (trois jours après mon accouchement) avec la nouvelle remplaçante.

La suite? Plus tard! :-)

7 commentaires:

Dame Galadriel a dit…

C'est ce qu'on appelle du dévouement, il y a peu de métier qui appelle la vocation, mais l'enseignement je crois en est un. Je crois que tu as la vocation, pour te donner ainsi, c'est remarquable parce que d'instruire les adultes de demain n'est pas chose facile j'en suis persuadé.

J'espère que certains savent apprécier ton dévouement :)

Cyrano a dit…

Idée aussi de vouloir repeupler la planète !

Dobby a dit…

En tout cas, côté professionnel, je t'apprécierais sûrement. et je te remplacerais n'importe quand!!! Tout un dévouement effectivement, toute la planif et tout...

C'est pas évident être enceinte et au boulot. À mon école, une prof a terminé l'année la bedaine sur le dos, carrément. Avec la classe qu'elle aavait et la grossesse pas trop évidente, même à 7 mois de faits, ouf!!! Alors rajoute du stress là-dessus et ayoye...

Je sais que ce n'est pas évident pour eux, mais il faut que les parents comprennent que nous aussi sommes humains, et avons des vies à faire. Même pour plaire aux parents, on ne peut pas mettre nos vies entre parenthèses. Et la vie, malheureusement, ne se planifie pas. On ne planifie pas une maladie, un accident, une grossesse, alouette. C'est pas évident pour les enfants, mais si les parents accompagnaient le tout non pas comme une nuisance et plutôt comme une leçon de vie, à la dure certes, bien, ça irait mieux très souvent.

Magrah a dit…

La majorité des profs que j'ai vu partir en congé de maternité ou en congé différé se donnaient corps et âmes pour aider leur suppléant, venant faire un petit tour par ci, par là... J'aurais envie de leur dire "enweille à meson"!!!

C'est quoi cette manie de prof-là de se prendre pour Atlas et de vouloir soutenir le monde sur son dos? Les suppléants, une fois informé des grandes lignes, sont sensé être capable de s'arranger. Hop and go, bordel!

Au risque d'être accusée d'émettre des préjugés, j'aurais tendance à dire que cette manie est typiquement féminine. Nous avons eu trois congés de paternité à notre école cette année, et je peux vous jurer qu'on ne leur a plus vu la face une fois partis... Ils ont rencontré leur suppléants respectifs UNE fois, leur ont donné les consignes, et bebye!!!!

Voilà une attitude que j'admire.

Mme Prof a dit…

Je sais ce que c'est... j'ai été de l'autre bord de la cloture : la remplacante.
En plus, cette année, je rencontrais les parents en septembre qui s'attendaient à une autre prof. Je leur annonçais que j'étais là pour 1 mois officiellement et que je revenais officiellement en février jusqu'à juin, mais qu'entre les 2, je ne pouvais rien garantir, mais que j'avais bon espoir de rester. Certains parents étaient très inquiets de cela (et je les comprends), mais si l,enseignante que je remplaçais revenait de maladie, pourquoi n'aurait-elle pas le droit de reprendre son poste? C'est triste pour tout le monde (même la prof, imaginez ce que les enfants lui auraient fait : ils auraient déduit que j'étais partie à cause d'elle et m'aurait fait payer durement mon retour). Dans n'importe quel autre métier, personne s'en offusquerait de tout ça, mais en enseignement, on travaille avec les trésors des autres, alors ça complique les choses. Comme je le dis : vive le merveilleux monde de l'enseignement! :S

unautreprof a dit…

mais c'est quoi cette histoire à suivre? Moi je lis, je suis suspendu à tes mots, je veux savoir le reste!

Ah non, en effet, tu n'as rien à voir avec la parade des suppléants mais n'empêche c'est dur de ne pas se sentir concerné vu que c'est ta classe.

Je veux la suite!

unautreprof a dit…

Dobby dit : "Même pour plaire aux parents, on ne peut pas mettre nos vies entre parenthèses."

C'est tellement vrai, il y a deux ans, en milieu favorisé, une collègue a annoncé aux parents lors de la rencontre qu'elle allait être retirée de la classe car elle était enceinte et n'avait pas les anticorps. Des félicitations pour sa grossesse? Nada. Que des reproches. Je comprends les parents d'être déçus, mais le savoir vivre et la civilité devraient au moins être présents pour féliciter, exprimer sa déception de perdre un bon prof aussi, mais faire des reproches? Quel dommage (et s'il y a des parents qui lisent, on compatit et on comprend votre déception, mais comme dit Dobby, on a notre vie à vivre aussi!)