vendredi 27 juillet 2007

Plaire, partie III

Oui, oui, je continue mon histoire... :-)

L'an dernier, à la première rencontre de parents, j'ai dit à ces derniers que je reviendrai probablement en mai.

Avec un seul salaire, je craignais de ne pas arriver financièrement. Je n'avais pas particulièrement envie de revenir pour plusieurs raisons. Premièrement parce que je savais que je n'allais pas m'ennuyer de ma directrice. Deuxièmement parce que je souhaitais rester à la maison avec mon bébé le plus longtemps possible. Troisièmement parce que je sais que ce n'est pas l'idéal pour les élèves de subir plusieurs changements pendant l'année.

D'un autre côté, je me disais que je revenais pour les examens du MELS et que ce n'était pas un inconvénient pour les élèves (pour moi si, j'aurais dû me taper toute cette correction!). Je me disais aussi que j'avais bien aimé ce mois avec mes élèves et que je les retrouverais quand même avec plaisir.

Celle qui m'a finalement remplacée après toutes ces péripéties était une perle. Une enseignante en or, efficace et fiable, qui a tout de suite gagné l'amour des élèves. Je n'ai entendu que des commentaires élogieux à son égard.

Au mois de février, donc, quand j'ai rencontré ma nouvelle directrice (l'autre ayant pris la sage décision de changer d'école), elle m'a dit :

- Ce n'est pas que je ne veux pas que tu reviennes, mais après ce que tes élèves ont traversé, il est clair que je préférerais que ta remplaçante finisse l'année. Ça va tellement bien avec K. que je trouverais dommage de briser la relation qu'elle a établi avec les élèves. Cela dit, si jamais tu décides de revenir, tu es la bienvenue.

Même si je comprenais son point de vue, c'était un peu grafignant d'entendre ça. Je commençais à m'être fait à l'idée de devoir retourner travailler au moment de cette rencontre. Ce qu'elle m'a dit m'a fait réfléchir...

Je ne suis pas retournée travailler, j'ai prolongé mon congé de maternité jusqu'à la rentrée 2007. Pour moi, pour ma famille, mais aussi pour les élèves. C'était un groupe assez rock and roll, un groupe émotif et je savais au fond que c'était mieux pour eux. Que ça leur permettrait de garder l'équilibre qu'ils avaient su créer avec K.

Plusieurs élèves ont été déçus que je ne revienne pas. Après ma dernière visite dans la classe (j'étais allée leur présenter Petite Fille), j'ai pris la décision de ne plus y retourner. Je sentais que ça chavirait quelques petits coeurs de me voir. J'ai envoyé deux ou trois mots aux élèves pendant les derniers mois et c'est tout. C'était la place de K. et je me suis retirée tranquillement...

La suite? Plus tard! :-)

9 commentaires:

Mme Prof a dit…

HUmmmm pas facile sûrement de devoir laisser la place de SA classe ainsi à quelqu'un!

Catherine a dit…

Comme je suis une jeune enseignante, je m'identifie aussi à la jeune enseignante. Ça n'aurait certainement pas été simple pour elle non plus.

En espérant que tu as bien pu profiter de ton congé prolongé au moins! :)

Dame Galadriel a dit…

Je trouve touchant que vous ayez tenu compte des élèves, ça ne se voit pas partout et je me dis que les enfants ont déjà à travailler fort pendant une année scolaire et quand on peut éviter de leur faire vivre des "sensations" supplémentaires, c'est bien. :)

Je trouve que ça été un beau geste que vous avez eu "l'école" et toi :)

unautreprof a dit…

aaah, je comprends ton égrafignement mais en même temps, c'est une belle décision que tu as prise.
J'ai hâte de lire la suite

Une femme libre a dit…

La deuxième directrice a une qualité que vous appréciez sûrement vous aussi, Giraffe, le gros bon sens! Une maîtresse qui revient juste pour la fin de l'année, aussi fine soit-elle, c'est dérangeant en bazouelle! Vous avez pris la bonne décision, c'est évident, et puis un tout petit petit bébé, c'est craquant, les premiers mois, ça ne revient pas (bon, je sais, je suis dans les lieux communs!) et c'est un privilège de pouvoir en profiter au max, non?

Magrah a dit…

Je trouve aussi que c'était la bonne décision à prendre.

Cyndie a dit…

Bravo, je pense aussi que c'était un choix pas facile mais tu as su prendre la bonne décision à mon avis. Pour quand la suite? :)

J. RAFFE a dit…

@ La marâtre : Je te dirais que j'ai le même réflexe protecteur qu'avec mes enfants : jamais personne n'arrivera à bien s'en occuper et à les aimer comme je le fais. :-) L'instinc maternel, c'est fort! ;-)

@ Catherine : Oh oui, j'en ai bien profité!

@ Dame G. : En effet, c'est une des rares fois où j'ai vu des membres de ma CS tenir vraiment compte des enfants. Parce que la solution qu'on a finalement trouvée leur a coûté plus cher que si j'étais retournée au travail. C'est étonnant...

@ Une femme libre : En même temps, il ne faut surtout pas sous-estimer la capacité d'adaptation des enfants et surestimer leur fragilité. On a tendance à tellement couver, de nos jours, faut parfois se raisonner et se dire que c'est loin d'être la fin du monde. C'est certain qu'un retour en fin d'année n'était pas l'IDÉAL, mais ce n'était pas catastrophique pour autant. La vraie vie n'est pas toujours IDÉALE et on se démerde. Les enfants doivent aussi apprendre ça...

Une femme libre a dit…

Ils peuvent en prendre, ils peuvent en prendre.... vous me permettrez de ne pas adhérer à cette théorie sur la résilience intrinsèque des enfants. On leur en demande beaucoup d'adaptations aux enfants modernes. Vivre à travers des divorces,deux maisons quand ce n'est pas trois, des camps de jour tout l'été, des parents qui n'ont plus de temps pour eux et ça c'est quand ils en ont des parents. Je sais que je déborde du sujet mais pour certains enfants, l'école est leur seule stabilité. Et des changements fréquents, s'ils sont négligeables pour des enfants choyés et bien entourés (et encore, pas bon même pour ceux là!), ça peut être dévastateur. Si j'avais du pouvoir, un prof qui s'absente pour maladie de plus de deux mois ou grossesse reviendrait automatiquement l'année scolaire suivante, pas en cours d'année. S'il revient en cours d'année, il serait affecté à d'autres tâches, comme du remplacement par exemple, on manque de suppléants dans les écoles actuellement.

L'attachement à un adulte stable et significatif est un facteur de réussite scolaire.